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Nicolas Lapentti
16 juin 2006

Pour mieux le connaître: interview...

Les interviews de Nicolas sont rares, surtout depuis qu'il a connu sa période sombre et sa chute au classement.
L'attention des médias et celle du public est assez versatile, comme chacun sait, se portant, au gré des évolutions du ranking, sur chaque joueur considéré comme "the next big thing" (le jeune premier qui cartonne ou la nouvelle poupée russe à la mode) qui les occupera quelque temps... jusqu'au suivant!

Mais bref, quoi qu'il en soit, en 1999, au moment de son impressonnante ascencion, Nicolas a fait l'objet d'un dossier dans Tennis Magazine... Voici l'interview!



tennismag299Venu d'Equateur, ce joueur à la peau mate a le physique pour séduire les jeunes filles -Anna Kournikova n'a pas été, dit-on, insensible à ses charmes- et le jeu pour se constituer un très beau palmarès. Encore méconnu en France, Nicolas Lapentti, 23 ans, n'oubliera pas de sitôt une saison 1999 qui l'a vu quitter les environs de la 100e place pour s'inviter parmi les vingt meilleurs mondiaux, au point de décrocher le rang de tête de série à l'US Open. Même s'il n'a guère brillé à Flushing Meadow en s'inclinant dès le deuxième tour face au Suédois Fredrik Jonsson, le joueur de Guayaquil est bien l'une des grandes révélations d'une année qui l'a vu atteindre les demi-finale de l'Open d'Australie et remporter le tournoi d'Indianapolis sur le ciment américain. Homme de la terre battue comme l'ont montré sa finale à Gstaad et sa demi-finale à Hambourg, Lapentti s'est désormais habitué à s'illustrer sur des surfaces plus rapides grâce à un travail en profondeur, à la fois technique et physique. Il rêve aujourd'hui de triompher à Roland Garros où s'était imposé son idole et compatriote, Andres Gomez. C'était en 1990. Nicolas, alors âgé de 13 ans, n'a pas oublié cette journée historique qu'il raconte dans cet entretien-découverte…





Tennis Magazine: En l'espace de huit mois, vous vous êtes envolé au classement mondial en passant de la 92e à la 16e
place. Quels étaient vos espoirs en commençant la nouvelle saison?

NICOLAS LAPENTTI: Ils étaient élevés. A la fin de l'année dernière, j'ai donné une conférence de presse en Equateur et j'ai dit aux journalistes qui étaient là que mon but était de faire partie des vingt meilleurs mondiaux à la fin de l'année. C'était ambitieux, pas très réaliste à vrai dire parce que je n'avais pas montré grand-chose en 1998. En fait, j'avais été extrêmement déçu par la saison qui venait de s'écouler. J'avais réussi à faire partie des soixante premiers, mais j'avais dégringolé jusqu'aux environs de la 100e place. J'avais l'impression de gâcher mon talent, de ne pas donner mon maximum pour réussir au plus haut niveau. J'étais conscient de mon potentiel, mais je ne l'exploitait pas.

T.M.: Pourquoi n'arriviez-vous pas à l'exploiter?

N.L.: Parce que je ne travaillais pas assez. Cette décevante saison 1998 m'a montré qu'il était temps de me réveiller. Ca ne pouvais plus continuer comme ça ou alors il valait mieux faire autre chose. Je n'étais pas suffisamment professionnel. Je me laissais aller. Je devais réagir.

T.M.: S'agissait-il d'un simple problème de motivation?

N.L.: On peut dire ça. Je n'avais pas envie de faire les efforts nécessaires pour atteindre le haut niveau. J'avais l'impression que mon seul talent allait me permettre de progresser. C'était faux. Sur le circuit professionnel, vous avez tellement de joueurs qui ont du talent. Certains en ont plus que d'autres, mais la base de la réussite, c'est le travail. Comme je l'ai dit, je n'étais pas assez professionnel sur le court, mais aussi en dehors. A l'entraînement, je n'étais sans doute pas suffisamment exigeant et en dehors, je menais une vie facile.

T.M.: Vie facile, c'est-à-dire?

N.L.: Le soir, je sortais peut-être un peu trop. Je ne respectais pas très bien mes temps de sommeil. Souvent, je ne dormais pas assez et je payais cette fatigue lors de mes matches. Sinon, je faisais à peu près n'importe quoi au niveau de mon alimentation. Je mangeais toutes sortes de choses qui n'avaient rien à faire dans l'assiette d'un sportif de haut niveau. Je buvais des sodas, je mangeais des frites. Ma condition physique était loin d'être bonne et je le payais sur le court. Je souffrais dès que les rencontres devenaient longues.

T.M.: Vous l'avez dit: vous avez pris conscience que vous étiez en train de perdre votre temps. De quelle manière avez-vous marqué une sorte de coup d'arrêt? Quand avez-vous commencé à devenir un autre joueur?

N.L.: A la fin de l'année dernière, j'ai décidé de ne pas prendre de trop longues vacances. En décembre, je suis allé à Santiago du Chili où habite Pato Rodriguez, mon entraîneur. Pendant trois semaines, j'ai travaillé très, très dur avec lui et un préparateur physique, Carlos Aranda. Je me suis donné à cent pour cent, comme jamais je ne l'avais fait. Il y avait du travail sur le court, mais c'est physiquement que j'ai produit le plus gros effort.

T.M.: Physiquement qu'avez-vous fait?

N.L.: J'avais quelques kilos à perdre et je devais surtout améliorer mon endurance et ma vitesse qui n'étaient pas suffisantes. J'ai soulevé des poids, j'ai couru: coures longues, sprints. C'était une remise à plat totale. J'en ai bavé, mais j'ai eu la chance de voir dès l'Open d'Australie que les efforts que j'avais faits n'avaient pas été inutiles.

T.M.: En dehors de cet aspect physique de votre préparation, qu'avez-vous fait techniquement? Avez-vous modifié votre jeu en commençant 1999?

N.L.: J'ai pris une autre décision importante à l'issue de l'année dernière. J'ai changé de raquette. En 1997, en fin de saison, j'avais disputé deux tournois, à Mexico et à Bogota. J'avais atteint les demi-finales et la finale. Fin 1998, j'ai joué les deux mêmes tournois et j'ai perdu à chaque fois au premier tour. Quand je suis rentré à la maison, j'étais vraiment dégoûté. J'en voulais à la terre entière. Je suis resté chez moi pendant quatre jours. On m'a proposé d'essayer une nouvelle raquette. J'ai tapé un peu la balle avec et puis j'ai décidé de l'adopter. Elle me plaisait, mais j'avais surtout envie de changer quelque chose pour provoquer un déclic. Je me suis entraîné avec cette raquette pendant trois jours et je suis allé disputer le tournoi de Santiago où j'ai battu Carlos Costa et Gustavo Kuerten. Cette raquette m'a donné le contrôle que je n'avais pas auparavant.

T.M.: Vous avez évoqué l'Open d'Australie où vous avez atteint les demi-finales à la surprise générale. Vous êtes-vous surpris vous-même?

N.L.: Complètement. Après toute la période de préparation que j'avais passée au Chili, je ne savais pas où j'en étais. Et puis tout s'est enchaîné jusqu'en demi-finales. J'ai eu beaucoup de chance parce que j'ai dû sauver deux balles de match au premier tour contre Johansson. J'y repense de temps en temps. Je me demande où j'en serais aujourd'hui si je n'avais pas sauvé ces deux balles de match. En tout cas, je ne serais pas tête de série à l'US Open (sourire). A Melbourne, j'ai eu la preuve que j'avais fait le bon choix en faisant tous ces efforts. Là-bas, j'ai gagné quatre matches en cinq sets. Physiquement, j'ai été très fort. Avant, j'avais du mal à gagner un match en cinq manches et là, j'en remportais quatre dont trois d'affilée. C'était fabuleux.

T.M.: Quel souvenir gardez-vous de cet Open d'Australie?

N.L.: Le quart de finale contre Kucera. Je n'avais jamais joué sur un central aussi grand, la nuit, et j'avais gagné 8/6 au cinquième set. Je ne pouvais pas demander plus, même si j'ai payé tous ces efforts en demi-finales contre Enqvist.

T.M.: Vous étiez considéré comme un spécialiste de terre battue et pourtant, vous avez obtenu votre premier grand résultat sur ciment, confirmé depuis par votre récente victoire à Indianapolis. Comment expliquez-vous ces résultats sur une surface qui ne vous avait pas particulièrement réussi jusque-là?

N.L.: Ma mentalité a changé sur le court. Je suis devenu plus agressif. Avant, j'étais plutôt attentiste. Avec Pato, j'ai amélioré ma vitesse de balle et ma vitesse de jambes. Auparavant, je jouais sur dur comme sur terre battue parce que je n'avais pas les armes pour jouer autrement. Je bougeais mal, j'étais débordé dès que ça allait un peu vite.

T.M.: A Indianapolis, au mois d'août, vous avez remporté le deuxième titre de votre carrière presque quatre ans après le premier à Bogota. Etait-ce un soulagement de remporter enfin un trophée?

N.L.: Oui, parce que je commençais à trouver le temps long (sourire). J'ai gagné le tournoi de Bogota presque par accident. J'avais 19 ans, c'était mon premier tournoi ATP Tour, je venais des qualifications et je suis allé jusqu'au bout par miracle. Ca avait été une très grande surprise pour tout le monde, mais surtout pour moi. A Indianapolis, j'ai montré qu'il fallait vraiment compter sur moi sur ciment, que la demi-finale en Australie n'était pas un hasard. Maintenant, quand je regarde mon nom sur le classement et que je le vois à la 16e place, je n'en reviens toujours pas. Je ne pensais vraiment pas que ça arriverait cette année.

T.M.: Le précédent champion venu d'Equateur était Andres Gomez, vainqueur de Roland Garros en 1990. Que représente-t-il pour vous?

N.L.: C'est un modèle. En fait, nous sommes très proches. Le nom de ma mère est Gomez. Elle a des liens avec la famille d'Andres. Je ne pourrais pas vraiment vous dire exactement lesquels, mais ils existent. Je le connais depuis longtemps. Quand j'étais petit, il était mon idole. Comme moi, il est originaire de Guayaquil. J'ai eu la chance de jouer la coupe Davis avec lui quand j'avais quinze ans. Ca avait été un très grand jour. J'avais joué en double à ses côtés en Equateur. J'étais si nerveux. J'avais presque du mal à tenir ma raquette. On continue de jouer ensemble puisqu'il est resté disponible en double pour l'équipe. Dans quelques jours, il sera avec nous pour affronter la Hollande en match de barrage.

T.M.: Vous souvenez-vous du jour où il a remporté Roland Garros?

N.L.: Je n'oublierai jamais ce jour-là. J'avais regardé la finale chez moi et il s'était passé quelque chose d'horrible puisque le match avait été interrompu à cause de la coupe du Monde de football qui se déroulait en même temps en Italie. La chaîne, qui diffusait le tennis, avait un contrat qui l'obligeait apparemment à donner la priorité au football. J'étais fou. Tout le monde était fou en fait. J'ai regardé la match de football parce que sur l'écran, il donnait l'évolution du score Gomez-Agassi. Heureusement, quand Andres a servi pour le match, ils ont remis le tennis. C'était une histoire incroyable.

T.M.: Comment avez-vous apprécié le moment de sa victoire?

N.L.: J'avais la chair de poule. Plein de membres de ma famille se sont mis à pleurer autour de moi. Je n'ai pas pleuré, mais j'avais les larmes aux yeux.

T.M.: Vous souvenez-vous de son retour à Guayaquil?

N.L.:Tous les enfants de mon club sont allés l'attendre à l'aéroport. J'étais avec eux. Avec nos raquettes, nous voulions lui faire une haie d'honneur par laquelle il serait passé, mais nous n'avons pas pu le faire. Dès qu'il est apparu, les journalistes et tout un tas d'autres gens lui ont sauté dessus. Ce jour-là, j'ai réussi à prendre des photos avec lui que j'ai d'ailleurs toujours exposées chez moi.

T.M.: Qu'aimiez-vous chez lui?

N.L.: Tout (rire). Sa manière de servir, son coup droit très lourd, son revers slicé. Au filet, il était très habile. Avec moi, il a toujours été très gentil et c'est sans doute la raison pour laquelle je l'ai toujours aimé.

T.M.: Etait-il votre seule idole?

N.L.: Non, j'adorais aussi Ivan Lendl. Je voulais qu'il gagne à chaque fois, sauf bien sûr quand il affrontait Gomez (sourire). Andres n'a d'ailleurs pas dû le battre très souvent. Chez Lendl, j'aimais bien sa volonté d'acier, le fait qu'il n'abandonnait jamais. Ca m'a toujours impressionné chez lui. Il y croyait toujours.

T.M.: Vous avez un nom à consonance italienne. Avez-vous des origines italiennes?

N.M.:Oui. Mon grand-père paternel était italien et il émigré en Equateur. En fait, mon vrai nom, c'est La Penta, en deux mots, mais mon grand-père l'a changé en Lapentti, avec deux T.

T.M.: A quel âge avez-vous commencé de jouer au tennis?

N.L.: A six ans. Depuis l'âge de trois ans et demi, je passais en fait beaucoup de temps sur la plage avec ces raquettes en bois que les gens s'achètent pendant les vacances. Si bien que lorsque j'ai touché ma première raquette de tennis, j'ai eu tout de suite beaucoup de facilité. C'est mon père qui m'a amené dans ce qui est devenu mon club. Il jouait en double avec moi. Je me suis mis à aimer ça de plus en plus. A huit ans, j'ai reçu ma première vraie leçon et tout s'est enchaîné.

T.M.. Quelle a été votre progression?

N.L.. En Equateur, j'ai toujours fait partie des meilleurs, puis je suis devenu le meilleur. J'ai joué progressivement des tournois plus importants en Amérique su Sud. En juniors, j'ai ensuite gagné l'Orange Bowl contre Kuerten et atteint les demi-finales à Roland Garros et à l'US Open. A partir du moment où je suis devenu professionnel, ma progression a été plus lente. Mais on en a déjà parlé.

T.M.: Diriez-vous que vous avez eu une enfance privilégiée?

N.L.: Privilégiée pas vraiment, mais j'ai eu de la chance d'avoir une enfance très agréable. Je suis toujours allé dans de bonnes écoles. J'ai pu fréquenter un beau club de tennis. Je sais que mon pays traverse de grandes difficultés économiques, actuellement et je suis content de pouvoir lui donner quelques bonnes nouvelles grâce à mes résultats.

T.M.:Votre jeune frère, Giovanni, est semble-t-il également doué sur les courts. Quelles sont ses qualités?

N.L.: Il a déjà deux centimètres de plus que moi (sourire). Il pourrait devenir un très grand joueur. Il a beaucoup de talent. Il est totalement différent de moi. Question caractère, il est l'opposé de ce que je suis. Je suis très calme, très tranquille. Il est très démonstratif, très nerveux. Son jeu est plus agressif que le mien. Mais il va devoir aussi améliorer sa condition physique qui n'est pas très bonne pour le moment. il a le temps, il n'a que 16 ans. Il a déjà gagné plusieurs grands tournois internationaux, notamment à Brühl en Allemagne. Aux Petits As à Tarbes, je crois qu'il avait remporté aussi le tournoi de consolation. Et puis comme moi, il a commencé jeune en coupe Davis puisqu'il a déjà joué trois simples. Il en a gagné un.

T.M.: Pensez-vous qu'il est meilleur que vous?

N.L.: Au même âge, je ne pense pas que j'avais sa qualité de frappe. Mais il est parfois trop fou sur le court. Il va devoir se calmer pour franchir un cap.

T.M.: Vous êtes très proche de Gustavo Kuerten avec qui vous jouez le double. Avez-vous été inspiré par sa victoire à Roland Garros en 1997?

N.L.:Forcément. On a le même âge, à quelques jours près. En Amérique du Sud, on a toujours été un peu rivaux lorsqu'on était jeune. Je l'ai battu en finale de l'Orange Bowl, on a remporté ensemble le double juniors à Roland Garros. Mais il y a eu également la réussite de Rios qui m'a inspiré.

T.M.: Kuerten est-il votre ami le plus proche sur le circuit?

N.L.: Il y a Guga, mais il y a aussi Moya et Ramon Delgado. Globalement, je m'entends très bien avec tous les Hispaniques.

T.M.: Vous entendez-vous bien avec Marcelo Rios?

N.L.: (sourire) Ce n'est pas facile d'entrer en contact avec lui, même pour nous les Sud-Américains. Il n'aime pas beaucoup parler, mais il s'améliore. Depuis deux ans, il s'est un peu ouvert.

T.M.: Vous vous entraînez avec Pato Rodriguez qui avait été l'entraîneur d'Andres Gomez. Quand avez-vous commencé à travailler avec lui?

N.L.: En janvier 1997. C'est par le biais de mon agent, que nous sommes entrés en relation. J'avais besoin de quelqu'un de cette expérience. Il est sans doute l'un des entraîneurs les plus réputés du circuit. Il est un peu tout pour moi: un second père, mon meilleur ami, mon entraîneur, mon confident. On s'entend bien parce que nos caractères sont similaires. Comme moi, il est très calme. Dès qu'il y a un problème, on trouve la solution très facilement. On ne se bat pas l'un contre l'autre, sauf lorsque l'on se retrouve sur un golf. Là, il n'y a plus d'amitié (rire).

T.M.: Le golf, c'est une passion?

N.L.: J'aime bien. Avec Pato, nous avons tous les deux un handicap de 19 et les matches sont très serrés. On parie quelques dollars. Il y a souvent beaucoup de passion. Sinon, j'aime bien tout ce qui touche à l'Internet. Je surfe beaucoup.

T.M.: Gustavo Kuerten est très demandé par les journalistes brésiliens qui le suivent un peu partout. Etes-vous soumis au même "régime" en Equateur?

N.L.: Oui, il y a beaucoup de passion en Amérique du Sud. Quand je suis revenu de l'Open d'Australie, il y avait tout un tas de journalistes qui m'attendaient à l'aéroport. En Equateur, il n'y a pas beaucoup de sportifs de haut niveau. Dès que quelqu'un réussit quelque chose de significatif, tout prend des proportions énormes. Je n'imagine pas ce qui arrivera si je gagne un jour un tournoi du Grand Chelem.

T.M.: Quel tournoi du Grand Chelem aimeriez-vous gagner en priorité?

N.L.: Pour moi et les Sud-Américains, Roland Garros a toujours été très spécial. C'est sur terre battue, notre surface. A Paris, il y a une ambiance qu'il n'y a peut-être pas ailleurs, et puis c'est là que Gomez a gagné. J'aimerais connaître le bonheur qu'il a vécu.

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Commentaires
J
J'aime bien ce qu'il dit sur Rios lol<br /> C clair qu'il avait pas l'air très accessible comme mec ^^
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